samedi 19 novembre 2016

[Chronique] Metallica - Hardwired... to Self-Destruct

Putain, ça faisait longtemps qu'on avait pas parlé de Metallica sur ce blog, la dernière fois c'était... merde, c'était Lulu, ça remonte déjà à cinq ans, le groupe n'ayant globalement rien branlé depuis, à part sortir des live et surtout un film tout pourri qui fut un monumental échec leur ayant fait perdre des millions de dollars, bref, on va passer sous silence ces huit années de néant et se dire qu'il ne s'est rien passé depuis 2008 et la sortie de Death Magnetic, qui était bien mauvais et qui avait déjà une pochette dégueulasse.
Huit ans plus tard donc, et partant du principe que le dernier bon disque de Metallica remonte déjà à 1988 (non, ne me parlez pas du fameux "Black Album", qui est juste l'avis de décès de la période Thrash du groupe, ce moment où le groupe s'est dit que plutôt de sortir de la bonne musique, il était temps de faire du pognon), je n'attendais rien de Metallica, enfin si, j'aurais aimé que ces couillons nous sortent un Lulu 2 avec l'aide d'un Medium qui aurait fait participer Lou Reed au projet depuis le royaume des morts, avouez-le, ça aurait été du putain de génie, pas de bol, ce n'était pas (encore) au programme, et il va falloir se farcir un nouveau disque de nos millionnaires du Metal, qui n'ont qu'une seule mission, sortir l'album le moins mauvais possible...

C'est marrant comment les gens s'emballent pour un album de Metallica, il suffit que le disque ne soit pas aussi nul que prévu pour qu'on la qualifie de putain de brillant alors qu'il est juste putain de moyen au mieux, Hardwired... To Self-Destructed, que l'on appellera tout simplement Hardwired pour plus de commodité, est justement moyen, très moyen même, et globalement, c'est juste un Death Magnetic avec une production moins mauvaise et une volonté de vous faire croire que le groupe va refaire du Thrash comme à la belle époque, j'insiste bien là-dessus, toute la promotion entourant la sortie de l'album ne fut qu'une illusion marketing visant à vous persuader que ça allait être au niveau du thrash de la grande époque, c'est pour ça que le groupe et le département marketing de l'entreprise ont sorti en premier les pseudo brûlots thrashy en premier, fallait bien attirer le pigeon, et la perspective de retrouver un Metallica agressif allait bien évidemment donner envie au fan de lâcher du pognon dans la deluxe édition contenant un disque en plus ou mieux encore, les versions vinyles bien chères, parce que le département marketing est bien au fait que le vintage est à la mode, et que le pigeon de base aime bien acheter des vinyles, comme ça tu peux écouter un disque au son moderne pas fait pour le vinyle sur ta platine, t'auras le même son de merde que la version MP3 mais avec la caution vintage en plus.
Parce que bon, ok, Metallica veut te persuader, et surement s'auto-persuader aussi, que le groupe peut encore faire du Thrash à l'ancienne, mais ça ne va pas empêcher Metallica de continuer à utiliser sa production moderne et clinquante qui va se charger d'annihiler toute perspective de retour aux sources au niveau sonore, le son vintage espéré, Lars Ulrich s'en torche le cul avec des billets de 100$, il y a malgré tout du progrès par rapport à Death Magnetic, le son est beaucoup moins compressé sur Hardwired et ne va pas vite saturer, c'est déjà un putain de progrès, en dehors de ça, bah c'est la pitance Metallica habituelle qui ne fera pas bander grand monde à part le fan intoxiqué par la propagande marketing et son amour inconditionnel pour le groupe, ce qui fait malgré tout du monde, suffisamment pour que le disque se vende par palette entière au supermarché du coin.
L'album donc, qui est long, putain de long même, puisque ce sont deux disques pour la version de base que l'on va devoir se farcir cette fois-ci, et bien évidemment, les presque quatre-vingt minutes du bouzin seront de qualité inégale, avec tout un tas de titres de remplissage, principalement sur le second disque, qui est presque inutile tant il est médiocre, c'est quand même fascinant de voir un groupe passer autant de temps en studio à bosser sur un disque et ne pas parvenir à pondre une dizaine de morceaux corrects, Hardwired aura donc quelques brûlots sympa, même si convenus et prévisibles, et une tonne de titres oscillants entre le médiocre et le passable.
Bref, du pseudo-Thrash aseptisé de quinquagénaires millionnaires qui veulent se persuader qu'ils peuvent jouer avec la même rage qu'il y a trente ans en forçant le trait à mort, il y en a, ce sont globalement les meilleurs morceaux du disque, il sont super moyens mais le fan s'en cogne, tant que ça bourre un peu, ça passe, c'est ainsi que l'album s'ouvre sur un Hardwired plutôt sauvage qui fera secouer la tête du vieux fan dégarni dans son monospace, ouais, celui qui n'écoute pas de Metal à part un album de Metallica tous les dix ans, les lyrics sont pourris, le riff est basique, mais Lars Ulrich envoie le pâté avec sa batterie, autant le dire tout de suite, c'est surement bidouillé à mort en studio et il n'y a aucune chance que le gaillard réussisse à rejouer tout ça lui-même en live, y'a le petit solo vite torché qui va bien, le cahier des charges est respecté, c'est vite expédié et il était difficile de faire mieux comme titre d'ouverture attrape-pigeon.
Quand tu réalises que tu vas devoir rejouer tout ça en live sans tes bidouillages studio
Si par miracle t'avais la gaule après ce premier titre, tu vas vite débander avec un Atlas, Rise! tout simplement médiocre qui aurait très bien pu se retrouver sur Shit Magnetic, c'est dingue comment le groupe se force totalement à être agressif et nous balance tous ses pires clichés et ses tics de composition, en plus c'est long, ça dure plus de six minutes cette saloperie, mais c'est normal, car en plus de vous faire croire que c'est agressif, il fallait aussi vous persuader que le groupe allait nous refaire des longs morceaux à tiroir comme à une certaine époque, alors ouais, y'a des tiroirs, mais y'a toujours les mêmes chaussettes sales dedans, et ça tourne salement en rond, le morceau sera à peine sauvé par les leads qui s'étirent à n'en plus finir.
Partant de là, on va assister à une véritable mise en abîme de part le titre du morceau, Now That We're Dead, bah ouais, on fait quoi quand on est mort? facile, on fait du mauvais Hard Rock débile et bien lourdingue, ce qui est marrant là-dedans, c'est que le solo détonne complètement avec le reste et n'a strictement rien à foutre là, mais il y aura pire, avec le diaboliquement poussif Dream no More où t'as l'impression que tout le monde est à la limite de la crise d'asthme, ou un Halo of Fire en forme de Power Ballade bien vilaine, qui est en fait un build-up incroyablement long qui nous emmène vers une fin de morceau plus Heavy avec des tonnes de leads, sans raison particulière, c'est juste que c'était marqué "insérer leads quelconques" dans le cahier des charges donc bon, voilà quoi, et puis bon, il fallait bien meubler pendant les huit minutes de la purge.
Vous voulez vraiment que je vous parle du second disque?
Parce que là, on touche le fond, c'était déjà pas terrible sur la première galette, mais il y avait deux morceaux et demi de vaguement écoutable, sur la seconde, Metallica nous replonge dans l'enfer Hard rock poussif et nauséabond de Load et Re-Load, bienvenu donc à Re-Re-Load, le pire du pire de Metallica, cinq premiers morceaux inutilement longs et sans intérêt où l'on se demande constamment où le groupe veut en venir avec ses titres mous du genou à mourir d'ennui, ça servait vraiment de faire un double album pour proposer des morceaux de remplissage dégueulasses comme ça?
Cinq titres ignobles et un final bourrin, ouais c'est bizarre comme agencement, mais Spit out the Bone est certainement ce que le groupe à fait de mieux depuis un sacré bout de temps, tout du moins en terme d'intention, on retrouve un Metallica agressif et légèrement punky avec une basse qui fait plaisir à entendre, dommage que le groupe ait décidé que le morceau allait durer sept putain de minutes et qu'encore une fois il allait devoir étirer ses riffs pour tenir la distance.
Quoi!? WTF! On a pas droit à Unforgiven #28!? mais c'est quoi ce bordel! Je me sens floué et blessé dans ma chair, Hardwired ne contient pas son traditionnel Unforgiven et c'est triste, car on aurait pu rigoler davantage, si ça se trouve, les autres Unforgiven, ainsi que probablement les derniers bons riffs de Metallica, étaient sur le téléphone perdu de Kirk Hammett, c'est con, et d'ailleurs, en parlant de ce dernier, il semble continuer à être le souffre-douleur de ses collègues puisqu'il n'a pas participé au processus de composition de l'album, ce qui semble expliquer pas mal de choses, notamment le fait qu'on pourrait tout à fait croire qu'il se soit pointé en studio une demi-journée pour balancer des leads complètement au hasard sur des morceaux inconnus avant d'aller repartir faire du surf.
C'est con, Metallica est passé à côté d'un très bon EP sympa, à défaut, on a un disque trop long et sacrément médiocre, après avoir fait patienter ses fans pendant huit ans, Metallica est globalement parvenu à accoucher de quatre morceaux pas trop nuls, c'est tout ce dont le groupe était capable en 2016.
Hardwired n'est pas franchement le retour au Thrash annoncé par le département marketing, on en est même à quelques années-lumière, Metallica nous a balancé un Death Magnetic un poil plus thrashy mélangé avec des morceaux qui ressemblent à des restes de Load, je sais pas pour vous, mais c'est pas ce que j'appelle un retour en forme de la part d'un groupe de ce calibre, enfin bon, j'en attendais rien, c'est à peu de chose près ce que j'ai eu, je ne suis même pas déçu, Hardwired est conforme à la trajectoire de Metallica depuis une grosse vingtaine d'années, ni plus ni moins, ce n'est pas du old-school, sans être complètement nul non plus, c'est juste un disque très moyen qui ne sert à rien à part servir d'excuse à une massive nouvelle tournée mondiale qui remplira les caisses.
Track listing:
Disc 1
1. Hardwired  03:09
2. Atlas, Rise!  06:28
3. Now That We're Dead  06:59
4. Moth into Flame  05:50
5. Dream No More  06:55
6. Halo on Fire  08:15
Disc 2
1. Confusion  06:43
2. ManUNkind  07:17
3. Here Comes Revenge  06:30
4. Am I Savage?  06:29
5. Murder One  05:45
6. Spit Out the Bone  07:09